Rossignol Mécanique

Enfant, je souriais à entendre le chant
D’un oiseau automate, rossignol d’apparence.
Ses trilles m’éblouissaient et j’arrêtais l’instant
Pour l’écouter se battre contre le faux silence.

Plus grand, je compris mieux, l’ordre des éléments
Le sifflet n’était plus qu’un jeu de résonance,
L’oiseau ne chantait plus, il marchait simplement,
Et sa magie partit sous l’éclat de la science.

Enfant, je l’admirais et voulais comme lui
Chanter pour vous séduire sa belle mélodie
J’ai appris ses accords et joué de mes mots.

Plus grand, je compris mieux la douleur dans son cri
Les regrets qu’on ne chante qu’en regardant sa vie
Le rossignol chantait, de son chant triste et beau.

Laisse moi te parler

Laisse moi te parler, je suis là pour promettre
Que demain ira bien, qu’un soleil sera là
Éclatant de lumière et que tu oublieras
Ce que j’ai à te dire, si tu veux le permettre

Tu pleures, tu t’excuses, pourquoi fais tu cela
Tu n’as pas mérité ce que je fais paraitre.
Je le hais maintenant, de ce qu’il m’a fait être,
De t’avoir fait souffrir, et qu’il ne soit pas là.

Je suis un bon ami, je n’ai rien à en dire
C’est son choix aujourd’hui, s’il a voulu partir
Je le soutiens bien sûr, mais je n’oublierais pas.

J’ai été à ta place, et j’y ai perdu tant
L’illusion de vivre, de l’amour, et du sang.
Laisse moi te parler, je serais là pour toi…

Pas su, pas pu

Je n’ai rien que des mots, que je n’ai pas su dire
Quand juste près de toi, je sentais un mal-être
L’envie de t’embrasser, autant que de paraitre,
Je n’ai pas su te promettre de ne jamais m’enfuir.

Il ne me reste de toi, que des souvenirs,
Que j’ai chéris souvent, détruits, souillés aussi
Des mots que tes messages ont portés à la vie
Que je n’ai pas choisis, qui n’ont voulu partir.

Tu me pardonneras un jour, peut-être pas.
Je n’ai rien fait au fond, que tu ne saches pas
Si le prix de t’aimer est de t’avoir perdu…

Je ne regrette rien, ni plaisir ni les roses,
Je ne serais sans toi qu’un sourire déchu.
Merci Lily, mon ange, pour cette métamorphose.

Toi

Je déchirerai les cieux, la terre et l’enfer
Pour que tes yeux s’éclairent et se perdent en les miens
Je détruirai ce monde qui n’est plus le tien
Et bâtirai pour toi, une Cité d’éther.

Tu n’es rien pour moi qu’un soleil à minuit
Que l’oubli du présent dans la fuite d’hier;
Tu n’es rien d’autre que l’espoir éphémère
Qu’un jour sera meilleur au creux de tes envies.

Mais tu n’existes pas, pas encore du moins
Le reflet d’un songe que veut peindre ma main
Une sorte d’idéal qui ne viendra jamais…

Je t’ai entr’apercue, croisée dans d’autres yeux
Il était bien trop tôt, ou trop tard si tu veux
Je ne sais plus qu’un jour, je te reconnaitrai.

Dans mes cahiers d’écolier

Je te hais, te méprise, mon épouse infidèle
Qui n’a jamais voulu me bercer à l’étreinte
De tes chairs écorchées; mais qui, encore belle,
A brulé de ces flammes que je croyais éteintes.

Tu as fait de ma vie un enfer immortel
Donnant l’éternité aux secondes défuntes
Quand tes mots suffisaient à déchirer les ailes
Que ton souffle a créé pour éloigner mes craintes.

Je gueule ton prénom aux passants étourdis,
Je l’arrache à ma chair comme un enfant chéri,
Je grave dans le feu, celle qui est partie.

Et mes doigts sont en sang, à t’écrire sans cesse,
Mon cri est un murmure que ta douleur caresse,
Et ton nom.. ton nom est blasphème, Poésie.

M

Quand le sourire est noyé dans les larmes
Qu’on ne sait plus trop, entre rire et pleurer,
C’est au moment de déposer les armes
Que je peux dire vraiment que je t’ai oubliée.

Si les larmes coulent, je ne saurais leur donner
Les couleurs du deuil ou de la liberté
Je sens tout à la joie la tristesse m’envahir
Tandis que mes lèvres partent en éclat de rire.

Tu me laisse l’honneur de défaire le nœud,
Nul besoin de serment ni de vœu
Tu n’es plus une amie
Tu n’es qu’un oubli.

Ma France

J’aime en ce pays, de montagnes et vallons
La fraicheur de la route qu’empruntent les marcheurs
On y croise parfois d’innocents randonneurs
Au détour d’un chemin, un fougueux étalon.

Cette terre où mon âme est comme à la maison
Qui vibre au fond de moi de ses puys, ses odeurs
Le royaume innocent où s’appaise mon cœur
Et le monde éternel d’où vient ma déraison.

C’est cela que je vois, quand, juste à côté d’elle
Je retrouve en ses yeux la couleur de mon ciel
Et auprès de son corps la chaleur des hivers.

C’est cela que je sens quand humant son parfum
C’est un peu de chez moi que je crois sous mes mains
Quand le fruit du verger a le goût de sa chair.

Au temps qui passe…

Je ne pardonne rien, ni tes yeux, ni ton rire,
Je ne veux plus de rien, tu m’as déjà donné
Tout ce que tu pouvais me prendre ou de désir.
Et je disparaitrai sans la joie d’un baiser.

Je vis avec la rage et aux lèvres un sourire,
J’ai la fureur de vivre comme d’autres d’aimer
Ne juge pas trop vite, toi qui m’a fait mentir,
Car malgré tous ces mots, tu sais, rien a changé…

Allons ne réponds pas, tu ne saurais quoi dire
J’ai perdu l’espoir de me revoir flétrir
Dans tes yeux qui brillaient d’un peu plus de chaleur.

Tu ne m’inspire plus que l’adieu et l’ennui
Toi qui m’a inspiré la violence de l’envie.
Tu ne m’inspire plus que l’agonie des heures.

Chut(e)

Ils étaient différents, rien ne leur ressemblait,
Que le souffle échappé à leurs êtres parfaits.
Lilith fut la première à lui tendre ses bras.
Lui qui vivait au Ciel, elle qui n’en voulait pas.

Elle s’est cru assez forte pour renier ce qu’il est,
Mais que vaut un serment que son frère a défait?
Il était de glace, de grâce et pour la Foi,
Elle qui venait du Ciel, lui qui n’abjurait pas.

Et la déchue souffrait de sa sourde ignorance,
De ses lèvres fermées, de son dernier silence.
Lui qui doutait enfin, elle qui n’en pouvait plus.

Quand les yeux grands ouverts, il comprit son erreur,
L’ironie exigea qu’elle n’ai su son bonheur.
Lui qui tomba du Ciel, elle qui n’y était plus.

1871

Aux murs ensanglantés, assis, un enfant pleure,
Ses yeux fixent les morts, et l’Éternel, vitreux.
Une balle a traversé son front blême, et heureux.
Et, son bandeau, dit pour lui « Mort pour un jour meilleur »

Mais ces corps alignés, dont les os blancs affleurent,
Ces hommes assassinés, éclairés par le feu,
C’est un peuple en colère, un peuple qui vaut mieux.
Paris s’est embrasé, pour honorer leur cœur.

C’est au père Lachaise, leur dernière maison,
Alors n’y pensons plus, à tort ou à raison,
Leur chair se putréfie, laissons donc leur Histoire.

Le père tue son fils, le sang sur le pavé,
Le pays se soulève, et suit le drapeau noir.
Pour que demain triomphe la France libérée!