Un jour, un premier Mai

C’était un jour de mai, et le soleil brillait,
Sur un Paris curieux, vainqueur des jours d’avril
C’était un jour de mai, que le temps malhabile
Me rappelle aujourd’hui cent cinquante ans après

J’ai marché avec vous à vos derniers combats,
Sous les cerisiers en fleurs, j’écoutais vos pas
Au mur des Fédérés, les cris et les suppliques
Résonnaient dans mon cœur plus fort que la musique

Un frisson m’a étreint, et le soleil brillait,
Ce n’était plus ce Paris qui m’émerveillait
Mais le froid d’une ville qui brûlait toujours.

J’ai marché avec vous, la rage au creux du ventre,
Pour ne pas oublier, la douleur qui m’éventre
Et ce cri, rouge fruit, ce cri qui fut amour.

Mes amours mortes

Liberté, mon secret, aux yeux bleus et curieux
Amante, qui, un jour, a su me rendre heureux.
Reconnais tu ces mots inscrits sur nos maisons
Mémoire de grands jours et de grandes passions

Égalité, toi si pure, tu transperças mon cœur.
De mes doigts malhabiles, j’effrayais ta blancheur
Et sur ton sein d’albâtre, j’ai prêté le serment,
Solennel et certain, de te rester aimant.

Fraternité, tu es née du sang de ta sœur
Riante d’exister, et te jouant de mes peurs
Enfant silencieuse, tu as fait de moi un Homme.

Reste le souvenir de nos vives étreintes
En ce temps où vous, amies, vous êtes éteintes
Sur des vers colorés, je vous dédie ce Psaume.

C*nnards

Où est votre courage à tuer sans regard
À porter votre guerre contre l’Humanité
Où sont ces valeurs que vous avez bradées
Pour du sang sur vos mains et des visages hagards

Qu’allez-vous faire enfin, aux portes de l’Eden
Quand elles seront closes devant vos conneries
Quand Dieu n’en pourra plus de voir passer les vies
Qu’il tournera le dos à vos religions de haine

Je ne crois pas en Lui, vous non plus à vous voir
Vous avez perverti Son message d’Espoir
Et appris au monde, que vous êtes ridicules

Paris n’a pas de Dieu, de couleurs ou de races
Paris n’a pas sombré dans vos morts dégueulasses
نحن لن نستسلم‎
Paris au crépuscule.

Dans mes cahiers d’écolier

Je te hais, te méprise, mon épouse infidèle
Qui n’a jamais voulu me bercer à l’étreinte
De tes chairs écorchées; mais qui, encore belle,
A brulé de ces flammes que je croyais éteintes.

Tu as fait de ma vie un enfer immortel
Donnant l’éternité aux secondes défuntes
Quand tes mots suffisaient à déchirer les ailes
Que ton souffle a créé pour éloigner mes craintes.

Je gueule ton prénom aux passants étourdis,
Je l’arrache à ma chair comme un enfant chéri,
Je grave dans le feu, celle qui est partie.

Et mes doigts sont en sang, à t’écrire sans cesse,
Mon cri est un murmure que ta douleur caresse,
Et ton nom.. ton nom est blasphème, Poésie.

Ma France

J’aime en ce pays, de montagnes et vallons
La fraicheur de la route qu’empruntent les marcheurs
On y croise parfois d’innocents randonneurs
Au détour d’un chemin, un fougueux étalon.

Cette terre où mon âme est comme à la maison
Qui vibre au fond de moi de ses puys, ses odeurs
Le royaume innocent où s’appaise mon cœur
Et le monde éternel d’où vient ma déraison.

C’est cela que je vois, quand, juste à côté d’elle
Je retrouve en ses yeux la couleur de mon ciel
Et auprès de son corps la chaleur des hivers.

C’est cela que je sens quand humant son parfum
C’est un peu de chez moi que je crois sous mes mains
Quand le fruit du verger a le goût de sa chair.

1871

Aux murs ensanglantés, assis, un enfant pleure,
Ses yeux fixent les morts, et l’Éternel, vitreux.
Une balle a traversé son front blême, et heureux.
Et, son bandeau, dit pour lui « Mort pour un jour meilleur »

Mais ces corps alignés, dont les os blancs affleurent,
Ces hommes assassinés, éclairés par le feu,
C’est un peuple en colère, un peuple qui vaut mieux.
Paris s’est embrasé, pour honorer leur cœur.

C’est au père Lachaise, leur dernière maison,
Alors n’y pensons plus, à tort ou à raison,
Leur chair se putréfie, laissons donc leur Histoire.

Le père tue son fils, le sang sur le pavé,
Le pays se soulève, et suit le drapeau noir.
Pour que demain triomphe la France libérée!