Mes démons

Il y a si peu de temps et tant de regrets
Pour vivre tous nos rêves de matins flamboyants
Pour être ivre de leur sève, devenir ton amant
J’aurais pu te promettre des sacrements secrets

Mais je n’ai que moi-même à te donner défait
Tant ta victoire est grande sur mes sentiments
Tu m’as offert l’amour et mon cœur est en sang
Tu m’as offert de vivre et pourtant je me tais

Je n’ai su que fuir ce démon qui m’étreignait
Chaque fois te voyant, mes lèvres frémissaient
Et détournant les yeux, je ne t’ai dit qu’adieu

Je me croyais guéri mais j’ai vu ton regard
Il m’a mis à genou et me laissant hagard
Je saigne de te dire que je suis amoureux.

A l’oubli

Rien ne sert de parler, c’est juste un grand gâchis
Les mots son impuissants à peindre mes regrets
C’est une toile de lin barrée à grands traits
Et ce sentiment, toujours, que tout est fini.

Rien ne sert de se battre, j’y ai cru une nuit,
Chaque point sera porté, mais je resterai
Le parjure à tes yeux, à ton cœur qui se tait.
Et cet espoir, jamais, qu’un jour, je t’oublie.

Bien sûr, les jours seront de simples souvenirs,
Bien sûr, ton nom sera un feu en devenir
Bien sûr, je serais seul, car c’est ce qu’il me reste.

Sans Lumière ce soir, je fermerai les yeux
Puisque la solitude égaie mes derniers gestes
Je dormirais enfin et je serais heureux.

Un éclat de Pierre

C’est dans la nuit, au plus profond de nos oublis
Quand la lumière se dérobe et nous révèle
Que le visage défait, les masques détruits
Sorti du Tombeau, je me sens pourtant des ailes

Je ne suis pas Nerval, et la Mélancolie
Ne m’aura pas, à genou, pleurant devant elle
Les flammes sont pour moi, des rappels de la Vie,
Comme autant de cris, des plaies chargées de sel.

Alors rappelez moi, pourquoi devoir se battre
Levez le poing et la tête enfin, débattre?
Toi qui m’a consolé, me rendras tu hier?

Tu m’as appris à haïr avant de t’aimer
Tu as fait de la pierre, un éclat incendiaire,
Recevant sa Lumière, j’ai appris le péché.

A la Notre!

Je veux lever mon verre à la noble assemblée
Qui aujourd’hui se tient réunie en ces lieux
Nous avons tant appris, et c’est avec fierté
Que je peux annoncer que nous sommes heureux

En cet an écoulé, nous aurons su briser
La spirale de notre effondrement vicieux
Et construire des bases qui peuvent supporter
Nos projets qui seront des plus audacieux

Mais la pièce est vide et je reste seul ce soir
A lever mon verre, l’abaisser et le boire
Je parle à mon reflet et l’insulte à mon tour

Dieu que la nuit est belle, il est temps de partir
Quand je vois dans le ciel les étoiles mourir,
Je finis par espérer que je verrais le jour.

L’anatomie du désespoir

Sur la route nous cheminons, seul ou par deux
À passer hier et à voir demain, mourir
Ce n’est pas comme si nous nous voyons partir
Et pourtant tel Orphée, ne tourne pas les yeux.

Devant toi, ce n’est plus qu’un sentier pierreux
Où tes pieds incertains dansent pour en finir
Contre l’Appel dernier, tu joues à mentir
Et c’est face à toi même qu’il faudra être heureux.

Depuis longtemps la piste s’est interrompu,
Toujours debout… bravo. Mais, dis moi, où vas tu?
C’est la falaise devant toi, choisi maintenant!

Cent fois tu as voulu, il te suffira d’Une
Qu’au matin on recouvre ton corps sur les dunes.
Ou détourne toi et laisse couler le Temps.

Ivre

Je ne crois plus en Dieu, ni en Diable d’ailleurs
Je crois, suprême ironie, qu’ils sont dans nos cœurs
Qu’ils sont, échos vivants, murmurés par nos lèvres
Le frisson de nos chairs n’est plus du à la fièvre.

Je crois en la Colère, silencieuse et terrible
Que les mots seulement sont des traits assassins.
Je crois qu’il ne faut pas, y perdre son chemin
Dans l’ivresse violente de tromper le risible.

Je crois en la Douleur, souvenir du regret,
La marque faite sang de Caïn fratricide
Qui à la tombe ouverte ne sera pas défait.

Et je crois en l’Ivresse, libérant de nos chairs
L’illusion d’exister, la Douleur et Colère.
Je ne crois plus en rien, quand je reste lucide.

M

Quand le sourire est noyé dans les larmes
Qu’on ne sait plus trop, entre rire et pleurer,
C’est au moment de déposer les armes
Que je peux dire vraiment que je t’ai oubliée.

Si les larmes coulent, je ne saurais leur donner
Les couleurs du deuil ou de la liberté
Je sens tout à la joie la tristesse m’envahir
Tandis que mes lèvres partent en éclat de rire.

Tu me laisse l’honneur de défaire le nœud,
Nul besoin de serment ni de vœu
Tu n’es plus une amie
Tu n’es qu’un oubli.

Au temps qui passe…

Je ne pardonne rien, ni tes yeux, ni ton rire,
Je ne veux plus de rien, tu m’as déjà donné
Tout ce que tu pouvais me prendre ou de désir.
Et je disparaitrai sans la joie d’un baiser.

Je vis avec la rage et aux lèvres un sourire,
J’ai la fureur de vivre comme d’autres d’aimer
Ne juge pas trop vite, toi qui m’a fait mentir,
Car malgré tous ces mots, tu sais, rien a changé…

Allons ne réponds pas, tu ne saurais quoi dire
J’ai perdu l’espoir de me revoir flétrir
Dans tes yeux qui brillaient d’un peu plus de chaleur.

Tu ne m’inspire plus que l’adieu et l’ennui
Toi qui m’a inspiré la violence de l’envie.
Tu ne m’inspire plus que l’agonie des heures.

Chut(e)

Ils étaient différents, rien ne leur ressemblait,
Que le souffle échappé à leurs êtres parfaits.
Lilith fut la première à lui tendre ses bras.
Lui qui vivait au Ciel, elle qui n’en voulait pas.

Elle s’est cru assez forte pour renier ce qu’il est,
Mais que vaut un serment que son frère a défait?
Il était de glace, de grâce et pour la Foi,
Elle qui venait du Ciel, lui qui n’abjurait pas.

Et la déchue souffrait de sa sourde ignorance,
De ses lèvres fermées, de son dernier silence.
Lui qui doutait enfin, elle qui n’en pouvait plus.

Quand les yeux grands ouverts, il comprit son erreur,
L’ironie exigea qu’elle n’ai su son bonheur.
Lui qui tomba du Ciel, elle qui n’y était plus.