Le séducteur

As-tu vu, accoudé au comptoir, ce garçon,
Un sourire discret dans chacun de ses mots ?
Tu l’entends qui se raille, se moque, se fait beau
Offrant à sa voisine de curieuses façons.

Bien malgré lui, il t’étonne, à sa folle passion,
Il peut parler de tout, du breton, des randos,
Ou des boissons aux vers, tu l’écoutes tout haut
Gagnée par sa folie, sa puissante impression.

Regarderas-tu ses yeux, francs et curieux,
Attachés un instant par la nuit, silencieux,
Promettant sans le dire de viser l’infini.

Humeur d’un soir partie, tu seras l’univers
Inscrit en quelques mots, pour un souffle ou un vers.
Et demain, près d’une autre, il se rira… de lui!

Les solitaires

Un instant, nos souffles accordés se murmurent
L’ivresse d’un baiser retenu contre moi
Les mots que je déchire, doux papillons de soie,
Sont l’espoir de demain, les secrets en parjure.

Je voudrais vous aimer mais comment être sûre
Il me suffit d’écrire, pour que ne soit pour toi,
Un baiser, le secret, qui mourra avec moi
Le serment cavalier devenu la parure.

Je ne me donnerai à tes bras en partage,
Toi qui donna ton cœur, bel oiseau de passage,
Je resterai libre, enfin, dans ma solitude.

Laisse moi au silence, quand par trop de plaisirs,
C’est à me retrouver que mes pensées aspirent.
Laisse pour toujours à ma douce quiétude

Le Vampire

Je repose à présent, dans l’aurore de sang,
Ton souffle sur mon cou si j’en sens la souffrance,
Fait monter en mon sein, une délivrance,
L’attache qui me tient à tes lèvres un instant.

Je m’abandonne à toi, tes cheveux m’enlaçant ,
Tu m’as offert le feu qui m’a donné naissance,
Je t’ai offert ma chair et donné ma confiance
Asservi, bienheureux, à tes commandements.

Maitresse incontestée, je laissais à tes mains
Le soin d’entraver mon cœur entre tes liens
Mais cela s’est brisé, libère moi, ma sœur !

Car tu t’es ennuyée, c’est un vice despote,
Nature sans lendemain, d’un adieu, il est l’heure
Tu ne m’as pas aimé, mais ce n’est pas ta faute…

Le Cri

A hurler mes poumons, gratter la porte close,
Errer dans le brouillard et l’obscur de la nuit,
Je ne sais plus depuis que j’en suis reparti
Où se trouve le jour étant en toutes choses.

Car j’ai voulu aimer comme on aime une rose
Sans craindre au lendemain de la trouver flétrie
Si j’ai voulu t’aimer, c’était de toute vie,
Me donner tout entier à ce cœur qui m’expose.

Et je l’ai fait, j’ai réussi, passion de sang,
Dans tes bras chauds, j’ai sacrifié un dieu vivant
J’ai oublié, ma peur et mes névroses, d’être seul.

Mais la chair se détache et, d’un coup, se nécrose,
Je ne tiens qu’un linceul, sur lequel je repose,
A hurler mes poumons et déchirer ma gueule.

La Mer

Presque en s’étonnant, la Terre se découvrit
Non loin d’elle, la Mer. Élément sans relief,
Portant sa profondeur, sans la donner du chef,
Elle étendait ses bras où la Terre ne vit.

La Terre de ses pics, de ces caps arrosés
Regardait ce rival sans comprendre comment
S’il n’offrait rien au Ciel, il réussissait pourtant
A vivre de son souffle, sa passion, ses baisers.

Si la Mer enfin bouge, c’est que le Ciel l’anime,
Voulant gratter la Terre, la mener à sa ruine
Il voudrait éroder ce géant fait de Pierre.

Le Ciel, pourtant égal, incline sur eux deux
Son Soleil palpitant et débordant de feu
Mais la Mer s’évapore et inonde la Terre.

(Le Ciel et la Terre BONUS/3)(Hors Série et Pamphlet)

La Terre

Sous mes pas, le sol tremble, je me perds dans mes mots
Et si ma voix te semble hésiter un instant
Le silence révèle que ce n’est plus le temps
Emportant avec lui, ce vent de renouveau

Ne crains pas de mes bras, qu’ils te lâchent trop tôt
Étreinte de statue taillée au marbre blanc
J’ai encaissé les coups, les mauvais éléments
Pour retenir ta sphère étoilée sur mon dos

Mais sous mes traits figés, coule un sang de feu
Éclairant d’éruptions la lune de tes yeux
Et donnant à mes mots la douceur de l’Enfer.

Tu as brisé des feux que je croyais éteints
Quand je la vois, en pleurs, la douleur m’étreint,
Mais dis moi, mon ange, suis-je le Ciel ou la Terre?

(Le Ciel et la Terre 2/3)

Le Ciel

Hésites-tu encor, entre pluie et colère
Et si ta voix me semble détonner un instant
L’orage n’est jamais qu’un peu de mauvais temps
Il suffirait d’attendre pour revoir l’éther

Où trouves tu le bleu de ta céleste sphère
Que je me noie en lui comme un calme océan
Des passions éclatent emportées par le vent,
L’arc-en-ciel vient toujours remplacer l’éphèmère

Dans l’azur de tes yeux, le soleil sur tes lèvres,
Les épis de blé blonds, patine de l’orfèvre,
Tout me ramène à toi et pourtant tout est clair.

Ma voile est retombée, je dérive à présent
Sur la mer apaisée, je cherche un autre temps.
Mais dis moi, ma chère, es tu le Ciel ou la Terre?

(Le Ciel et la Terre 1/3)

Destruction

C’est un peu le début quand on n’ose se dire
Qu’en fait, on s’aime bien, qu’on veut tenter le coup
C’est ce moment d’arrêt, se dire: « on en est où? »
Sans avoir la réponse, avoir peur de partir.

C’est cette envie urgente, de serrer dans ses bras
D’étreindre l’autre, caresser son visage
Lui dire qu’on a tort, que ce n’est qu’un passage
Que l’on voulait s’aimer, pour toujours, être là.

Le calme de l’orage, quand la nuit est venue,
Je veux fermer les yeux, la fatigue me tue,
Pour oublier demain, hier et aujourd’hui.

Apprendre à vivre seul, être à nouveau soi-même
Dans l’écho du silence, se découvrir en vie
Apprendre à vivre seul, se dire que l’on s’aime.

(La promesse 4/4)



Allégresse

C’est un chant au matin, de complices paroles
Quand l’oiseau en mon sein vibre de tes murmures
Nul doute, nulle crainte, puisque nos voix s’assurent
Et font à l’unisson, vibrer la clef de sol

E tempo allegro, dans une danse folle
Nous suivons les notes, et nos tons se rassurent
Tu joues en trémolos pour masquer mes fêlures
J’écris des chansons pour toi, pour remplir mon rôle…

Les orages ont passés, c’est fini les violons,
Le piano à quatre mains suit la partition
Les yeux fermés, nous jouons le même morceau.

E Tempo Adagio, est-ce là le bonheur?
Sans tambours ni grosses caisses, sans les voix du cœur,
Juste un chant au matin, se réveiller ensemble.

(La promesse 3/4)

Frisson

C’est un secret surpris au creux de ton oreille
La brise qu’imagine ton cœur qui s’assagit
Bousculant ta pudeur, un frisson en jaillit
Illuminant tes joues de chaleur vermeille.

Accompagnant ma voix, mes mains sont musiciennes
Jouant la partition que ton souffle me chante
Se rêvant arabesque, notre danse s’enchante
Quand tu cueilles un baiser, tes lèvres sur les miennes.

Mon Léthé bienveillant, dans tes bras, j’oublie Dieu
J’oublie tout, sauf ta peau, j’oublie tout, sauf tes yeux
Ta chair contre moi, la chaleur de ton sein, toi.

Te glissant doucement, tu joues de ma raison
Quand je demande grâce, tu n’arrêteras pas
Et pleurant, brisé, je ne serais qu’un frisson.

(La promesse 2/4)