Sur le quai de la gare, comme dans un cliché Pour nous dire au revoir, nous nous sommes embrassés. Le baiser convenu, c’était presqu’attendu Mais tu m’as étonné quand tu es revenue.
Savais tu, comme moi, qu’il serait le dernier? Venais tu à mes lèvres pour ne pas oublier? Je ne voulais savoir, et dans tes bras, perdu, J’ai donné mes espoirs et ma passion à nu.
J’ai vécu chaque mot, tels des gouttes qui tombent, Si Dieu est dans la pluie, il a couvert ma tombe Sur laquelle est gravée, que je suis mort heureux.
J’ai souffert chaque maux que ton cœur a souffert, Et offert à tes mots juste un point de repère. Mais la fin est venue, il faut nous dire… Adieu
Vous avez dans vos yeux le doute et l’espérance, Vous, mes douces amies, mes compagnons d’errance. Si je vous écris ces vers, presque par hasard, C’est que vous vous endormez et qu’il est bien tard.
Rencontrer son égale est toujours bien plaisant, Cela force l’esprit à revoir autrement Les projets silencieux mais tenus en espoir Les couleurs qui s’accordent au rouge et au noir.
Les flammes laisseront de ce jour, une marque. Souvenir insouciant qui pourtant se démarque De l’ennui infini où mon cœur m’a porté.
J’ose croire en ce temps, que vous n’oublierez pas Ces morceaux sans lendemain, ces éclats de joie Qu’entre vos lèvres froides, j’ai voulu vous souffler.
Pièce lancée en l’air, un peu sans le savoir, Il n’a fallu qu’un mot, pour lui donner sa place. Le voici, le hasard, triomphant de l’espace Et marquant de son pas, les restes de l’espoir.
Fallait-il que nous fussions fatigués, ce soir, A jouer d’un lancer, d’un battement de cil, Ce coup, qui suspendu, se déroule tranquille, Et occupe nos nuits, chassant les cauchemars.
Mais vous avez oublié la beauté du pari C’est le risque, le doute, qui sauve de l’ennui Révélant à nous même nos masques qui s’effacent
La pièce est retombée, au lever du soleil, Un soleil blanc, éteint, qui d’un coup se réveille. La pièce est retombée, nous révélant sa face.
Sombre et déjà acide, ton sourire m’effraie, Me rappelant sans cesse, ce que je sais de toi. Des enfers tu reviens et tes mots sont parfaits, Pour porter Sa parole et transmettre Ses lois.
Cruel, désabusé, ton sourire est défait, Tu te vois en reflet promettre sur ta Foi. Alors que de parjure, tes maux sont déjà faits, Tu redores un blason, de Marquis et de Roi.
Si tu craches ce sang que tu voulais écrire, Tes vers se sont noyés et tu peines à relire Les serments pris hier et sermons de demain.
Tes pas entre les miens, ta voix qui me sussure Que tu es fou, damné, que tu es mon destin. Tes pas entre les miens, ta voix qui me murmure…
Sous la terre endormie, effrayé du soleil, Je repose allongé mais les yeux grands ouverts. J’ai fui cette chaleur qui emprisonnait l’air, Et profite à présent d’un délicat sommeil.
Pourtant, l’obscurité se peuple de merveilles, Ne laissant mon esprit à sa tâche première, Il voyage dès lors redoutant la lumière Cherchant en mille lieux, la douleur du réveil.
Puis un jour, la lueur vint troubler mon repos, Faible de prime abord, noyée dans les échos Elle fut comme un rêve au coin de ma mémoire.
Comme un soleil blanc, elle chassa de mes yeux Les doutes et les terreurs, les anciens cauchemars, Ce petit feu follet, cette flamme, ce Feu.
Je ne veux d’autres bras, pour apprendre à mon cœur, Ce souvenir ancien que je chéris encore Hésitant, vacillant, il agite mon corps, De peine et de tendresse de colère et de peur.
La place reste vide, qu’importe mes efforts, Pour oublier tes yeux, tes reproches, tes pleurs, Pour oublier surtout que j’en étais l’auteur Et que rester ensemble aurait été un tort.
Et si je dois t’aimer, ce n’est pas sans regrets, A toute heure, à présent, que mon sang le sait Je vis dans la mémoire de ta main qui m’étreint.
J’ai fuit tant que j’ai pu, maintenant c’est fini. Je me retourne enfin et découvre, surpris, Que je t’aime toujours et que tu n’en sais rien.
C’était un jour de mai, et le soleil brillait, Sur un Paris curieux, vainqueur des jours d’avril C’était un jour de mai, que le temps malhabile Me rappelle aujourd’hui cent cinquante ans après
J’ai marché avec vous à vos derniers combats, Sous les cerisiers en fleurs, j’écoutais vos pas Au mur des Fédérés, les cris et les suppliques Résonnaient dans mon cœur plus fort que la musique
Un frisson m’a étreint, et le soleil brillait, Ce n’était plus ce Paris qui m’émerveillait Mais le froid d’une ville qui brûlait toujours.
J’ai marché avec vous, la rage au creux du ventre, Pour ne pas oublier, la douleur qui m’éventre Et ce cri, rouge fruit, ce cri qui fut amour.
Du poisson, du poisson, il ne te faut que ça Pour un peu, combler ta faim suffit à ta joie Tu t’ébats dans l’eau, enfant de l’Océan De Neptune ton roi au plus grand des titans
Animal plus ancien que l’Homme sur la mer Tu l’observes pourtant s’agrandir sur la Terre Et si tu ne chasses plus en fugaces bancs Tu peux manger toujours les restes des géants.
Plus de faim aujourd’hui, il te suffit d’un « onk » Pour que ces étrangers te jettent une conque Tant de bruit que tu ne comprends pas, et pourtant…
Tu n’es plus seul aujourd’hui, entouré d’amis Tu danses et te tortilles, tu n’as plus d’ennemis Mais un bassin de trente mètres sur cent.
Ton visage timide entouré de ténèbres C’est ce qui me revient quand je repense à toi Je vois le sable blanc couler entre mes doigts Pareil à ma mémoire de ces éclats funèbres.
Je me souviens mon cœur, battant à s’arracher, Quand je tendais ma main, doucement vers la tienne Tu ne daignais rien voir -craignais-tu me fâcher?- On aime comme on vit quand on a la vingtaine.
Ce morceau de mon âme, je le chéris encor De croire en la douceur, je sais que tu l’ignores C’est, au profond de moi, une simple lueur.
Calliope ou Erato, tu restera toujours Non pas le sentiment mais la venue du jour. Je t’en prie, ô ma muse, ne dis rien à mon cœur.
Une fois n’est pas coutume, les yeux grands ouverts, J’observe mon plafond où mes pensées s’envolent. Je ne peux m’endormir, alors, tout seul, j’espère Que le sommeil viendra me cueillir en plein vol.
Je peuple l’obscurité de Zéphyrs perdues Réécrivant les mots que j’aurais voulu dire Condamnant Cendrillon à garder son pied nu Ou raillant de la belle, son inconstant désir.
Je m’imagine un monde, où ayant pu tout dire N’existe ni remords, ni honte, ni Zahir. Et d’un alexandrin, balayer le réel.
Mais je sais qu’au réveil, tout restera pareil Le ciel restera bleu et le bordeaux vermeil. Je me prends à rêver d’un monde surréel.