Uchronies

Il est temps d’assumer où s’arrête l’ennui
D’apprendre, de s’aimer, et d’oublier nos rêves
Il est temps, mon ami, que le soleil se lève
Oubliant de la nuit les songes indécis.

Temps enfin de vieillir, de laisser à la vie
Les espoirs à venir et l’esprit qui s’élève.
J’abandonne ma mue, illusion qu’on enlève,
Enfant, me voici nu, séparé d’infini.

Me reste-t-il à croire en un Dieu ou l’Amour?
L’espérance du soir est trompé par le jour
Et quand je crois hier, l’illusion me suffit.

Mais je ne veux pas vivre à espérer demain
Regretter aujourd’hui, souffrir de tout, enfin!
Il est temps d’arrêter de vivre d’uchronies…

Eurydice

Quand tu fermes les yeux, tu entends sa voix basse
Murmurant dans ton cou des promesses à tenir,
Tu veux, du bout des bras, chercher à retenir
Cet éclat de mémoire qui devant toi s’efface

Et tu fermes les yeux, cherchant à le revoir
Retrouver son odeur ou le son de son cœur
Prison de souvenir, éloignée de tes peurs,
Tu ne regardes plus la vie drappée de noir.

Dans ton obscurité, tu as trouvé la voie
Ce chemin de lumière le ramenant à toi
Alors tu l’as suivi sans même te retourner.

Tu es cette inconnue, découverte au matin
Paraissant assoupie sur les quais Augustin
Heureuse sans doute, de l’avoir retrouvé.

Ballade des dames d’aujourd’hui

Dans tes cheveux, une main passe
Effleurant des doigts, ton visage.
Sur ta gorge, elle se délasse
Terminant de paraitre sage.
Rapide! Défaisant ton corsage,
Un instant se fait de caresses
Créant sous son tendre passage
Tempête, frissons, allégresse.

Inspiré par ces jeux de passe
On peut le voir sur son sillage
Naitre des passions, qui s’effacent
Que ta chair n’en refuse l’hommage
Ou que ne cambre ton corps sage
S’abandonnant à la tendresse
Tandis que cette main voyage
Tempête, frissons, allégresse.

Tes mains, sur lui, suivent ses traces
Rendant un peu de ce message
Tandis que l’une est sur sa face
L’autre veut offrir en partage
Ce désir qui l’emplit de rage.
D’un geste délicat, elle dresse
Des doigts, un autre paysage
Tempête, frissons, allégresse.

Princesse, sachez aux rimes as-
-sagies hésiter d’être sage.
Je ne vous dois qu’une promesse:
Tempête, frissons, allégresse.

Le prix d’un vers

Donnez moi une muse, j’en ferais un poème
Au profond de ses yeux, j’y verrais des « je t’aime »
Donnez moi une muse, et l’espace du temps
Aura comme couleur la nuit des sentiments.

Offrez-moi de rêver et je croirais peut-être
Que l’amour dure un jour, un siècle, une lettre.
Offrez-moi un baiser, et tout sera fini
Vous ne serez pas plus qu’une ancienne folie

N’avez vous pas compris que je ne crois en rien
Que ces mots que j’ai dit, n’était pas les miens
Les serments sont des rêves que vous avez nourris

Je suis ce parasite qui vit de vos colères
Vos tristesses, vos larmes ont construit chaque vers
Et grâce à vos douleurs, dans le sang, j’ai écrit.

Bored

C’est une fatalité que je ne saurais vaincre
Si je m’ennuie enfin, c’est que je n’ai pas su
Trouver dans tes paroles, un joyau incongru
Ce n’est pas de ma faute, tu n’as pas su convaincre

Je vais t’entendre dire que tu ne savais pas,
Que je suis un connard à juger quelques mots,
Que cela ne fait rien ou alors que c’est sot.
Je répondrais « sans doute », on en restera là.

Quand je vois devant moi, la masse satisfaite
Je me demande comment gardent-ils leurs têtes?
C’est la folie qui guette, si je vivais comme eux.

Lecteur, tu dois te dire, que je suis bien imbu
Mais dis moi, cher ami, jamais ne t’ennuies tu?
Alors pour une fois, sois un con prétentieux 🙂

Imagine

Imagine, les yeux clos, un souffle dans ton cou,
Murmurant à ta chair, de galantes caresses.
A ton épaule, un baiser qui ose d’ivresse
Glisser par petits pas, jusqu’au creux de ta joue.

Inspire doucement, où une main se glisse
Navigant au toucher, sur la chair de ton dos
Et tandis que des frissons se dressent sur ta peau
Tu cherches à capturer ces lèvres de délices.

Ma bouche se défausse, sur ta gorge dessine
Un chemin de promesses, de douceur mutine
Tu accueilles à tes lèvres, l’hommage du désir.

M’emprisonnant alors et cabrant de ton corps
Me laissant à tes pied, continuer; encor
Jusqu’au souffle coupée, de la petite mort!

Des nuits d’été

Je me souviens d’hier, je me souviens de toi,
De tes yeux dans les miens, et nos corps qui s’enlacent
Je me souviens des mots scandant de notre foi
De ton sourire enfin, d’instants toujours fugaces.

Je me souviens encore de t’avoir tant aimé
Ayant fait de mes nuits un autel à ta gloire
Quand brûlant d’émotion, mon corps s’était brisé
Tu as su l’animer en restant pour un soir.

Bien sûr, je n’y crois plus, ce ne sont que des songes
Et l’Amour, un beau jour, est ce mot qu’on prolonge
Pour ne pas s’avouer que ce n’est qu’un cadavre

Je me souviens d’hier, de tes ongles dessinant
Sur mon dos, ta passion, en lettrines de sang.
Je me souviens de tes mots, de tes lèvres, mon havre…

Les monstres

Approche mon enfant et sache qu’ils t’attendent
Nocturnes animaux échappés de tes rêves
Guettants au coin du jour, où rien ne les révèle.
Entends venir les monstres dépeçant ta chair tendre.

Oublieux de leur masque, on les veut d’innocence
Un visage qu’on croirait couronné de lumière
Dans leur cœur, un brasier fait office d’enfer
Et l’amour n’est rien que du feu son essence.

Mon enfant n’ai pas peur, ils seront toujours là
Ose braver leur regard, ils ont plus peur que toi!
Ne leur donne pas plus que silence et mépris.

N’oublie pas que les monstres sont parfois nos amis
Et que dans leur yeux clairs, nos reflets se répondent
Sans Amour, rappelons aux heures, les secondes.

Appétit commandé

Me faut-il te le dire, ce que tu as su voir?
Où dans mes yeux sombres, tu portais la lumière
En ce jour de juillet, dans l’orage du soir
La douleur s’est imposé à mon cœur de colère.

Levant dès lors les yeux, à mon nouveau soleil
Et rougissant un peu, sous ton regard d’azur,
Un instant, je le sais, rien ne sera pareil
Crucifié d’émotions, rien ne sera plus sûr

Sans contrainte, j’ose parler, de ce sentiment
Comme tu as pu le voir, il reste présent
N’as tu pas en ton sein le doute révélé?

Laisse moi t’éclairer, car en alexandrins,
J’ai tourné, détourné, mais je puis dire enfin
Que ma passion réelle est de te taquiner!

Jardin Secret

C’est un petit jardin où se côtoient nos rêves
Où l’arbre laisse pendre, frémissant sous la brise,
Un présent délicat, un fruit gorgé de sève,
Pour nos lèvres sèches que ce sang électrise.

Au sol un bouquet jaune, chrysanthème, hélichryse,
Belles fleurs qui se meurent quand les autres s’élèvent
Les voilà qui décorent le tombeau des cerises
En un dernier sursaut, les voilà éternelles!

Vous pourriez à la chair croquer la demoiselle
Délaissant le parterre de ces seules immortelles
Oubliant, pour un jour, que ce jardin n’est pas.

Alors vous retournant, en un dernier sourire,
Marchant sans hésiter vers la nuit à venir,
Riante, vous croquez une pomme de vingt ans.