L’Abandon

C’est dans tes mots que je m’égare et que j’oublie
Dans tes cheveux, que je sens mon cœur qui s’arrête
Entre tes bras serrés, que j’ai appris à être
Et dans tes yeux, qu’enfin, je comprends que je vis

C’est dans tes maux que j’ai laissé tous mes soucis
Dans tes paroles que roulent mon horizon
Entre tes lèvres que j’ai connu la boisson
Et l’ivresse m’emporte dès que tu me souris

Je vieillis, tu diras, mes cheveux tombés blancs,
Ce n’est pas très discret, mais je reste un enfant
Quand voudrais je grandir si ce n’est avec toi?

Illettré, tu m’as donné les mots pour t’écrire
De parole, tu m’as tendu la main pour construire
Nous apprendrons, je serais toi, tu seras moi.

Un éclat de Pierre

C’est dans la nuit, au plus profond de nos oublis
Quand la lumière se dérobe et nous révèle
Que le visage défait, les masques détruits
Sorti du Tombeau, je me sens pourtant des ailes

Je ne suis pas Nerval, et la Mélancolie
Ne m’aura pas, à genou, pleurant devant elle
Les flammes sont pour moi, des rappels de la Vie,
Comme autant de cris, des plaies chargées de sel.

Alors rappelez moi, pourquoi devoir se battre
Levez le poing et la tête enfin, débattre?
Toi qui m’a consolé, me rendras tu hier?

Tu m’as appris à haïr avant de t’aimer
Tu as fait de la pierre, un éclat incendiaire,
Recevant sa Lumière, j’ai appris le péché.

No Se

Je ne sais si des dieux, impatients et narquois
En leur ville éthérée, ont choisi pour mon jour
Nos rêves d’éternité à s’en passer le tour
En offrant à tes yeux la rose en sang et soie

Seulement, si heureux, puis je dire pourquoi
A la nuit tombée, les larmes coulent toujours
Inondant tes baisers, tes mots et tes détours
Sous le tumultueux flot de sang et d’éclats

Dieux, que la chair est tendre, dans vos mains de colosses
Ici les vies broyées, là y affleure l’os
Suffit-il à vos coups que nous soyons soumis?

Mais je ne crois des dieux que leur masque irritant
Où l’illusion viciée d’un prêtre grimaçant
Inspire à tout mon être, un frisson de mépris.

A la Notre!

Je veux lever mon verre à la noble assemblée
Qui aujourd’hui se tient réunie en ces lieux
Nous avons tant appris, et c’est avec fierté
Que je peux annoncer que nous sommes heureux

En cet an écoulé, nous aurons su briser
La spirale de notre effondrement vicieux
Et construire des bases qui peuvent supporter
Nos projets qui seront des plus audacieux

Mais la pièce est vide et je reste seul ce soir
A lever mon verre, l’abaisser et le boire
Je parle à mon reflet et l’insulte à mon tour

Dieu que la nuit est belle, il est temps de partir
Quand je vois dans le ciel les étoiles mourir,
Je finis par espérer que je verrais le jour.

Bonne Nuit!

Dans l’obscurité et la nuit, quand nos dents claquent
Et notre cœur frémit, que des abîmes montent
Des gestes non finis, les monstres qui des contes,
Jaillissent sous nos lits en ordre démoniaque.

Ces armées silencieuses assiègent l’insomniaque
Qui n’ose ouvrir les yeux, redoutant dans sa honte
De ne voir que la nuit de ceux laissés pour compte
Quand la lune éclaire le sourire du vieux Jack.

Alors les yeux bien clos, affrontons les enfers
Bravons donc ces légions à l’éclat mortifère
Contre des succubes, des démons et nos rêves.

D’affronter le néant, il nous aura suffit,
Essayant de scruter nos fantasmes partis.
Faut il d’autres monstres, que ceux qui nous relèvent?

L’anatomie du désespoir

Sur la route nous cheminons, seul ou par deux
À passer hier et à voir demain, mourir
Ce n’est pas comme si nous nous voyons partir
Et pourtant tel Orphée, ne tourne pas les yeux.

Devant toi, ce n’est plus qu’un sentier pierreux
Où tes pieds incertains dansent pour en finir
Contre l’Appel dernier, tu joues à mentir
Et c’est face à toi même qu’il faudra être heureux.

Depuis longtemps la piste s’est interrompu,
Toujours debout… bravo. Mais, dis moi, où vas tu?
C’est la falaise devant toi, choisi maintenant!

Cent fois tu as voulu, il te suffira d’Une
Qu’au matin on recouvre ton corps sur les dunes.
Ou détourne toi et laisse couler le Temps.

La Nuit commence!

Il y a dans l’obscur, un éclat de lumière,
Comme une pièce attirant le regard.
Une flamme qui semble brûler jusqu’à la matière
Mais qui séduit en nos cœurs, la soif de savoir.

Il y a dans le bien, un fragment de douleur –
conscience du réel? – Il sait que n’existe pas
Ce manichéisme pour lequel il se bat
Et il a appris que le mal est libérateur.

Il y a dans mes mots des fêlures discrètes
Qui portent la noirceur de combats, de défaites
Mais aussi l’espoir secret que ces vers délivrent.

Il y a dans tes yeux, un éclat d’obscurité,
Ce doute qui grandit, l’appréhension de vivre,
Vis, sois ivre et connait la Liberté!

C*nnards

Où est votre courage à tuer sans regard
À porter votre guerre contre l’Humanité
Où sont ces valeurs que vous avez bradées
Pour du sang sur vos mains et des visages hagards

Qu’allez-vous faire enfin, aux portes de l’Eden
Quand elles seront closes devant vos conneries
Quand Dieu n’en pourra plus de voir passer les vies
Qu’il tournera le dos à vos religions de haine

Je ne crois pas en Lui, vous non plus à vous voir
Vous avez perverti Son message d’Espoir
Et appris au monde, que vous êtes ridicules

Paris n’a pas de Dieu, de couleurs ou de races
Paris n’a pas sombré dans vos morts dégueulasses
نحن لن نستسلم‎
Paris au crépuscule.

Ivre

Je ne crois plus en Dieu, ni en Diable d’ailleurs
Je crois, suprême ironie, qu’ils sont dans nos cœurs
Qu’ils sont, échos vivants, murmurés par nos lèvres
Le frisson de nos chairs n’est plus du à la fièvre.

Je crois en la Colère, silencieuse et terrible
Que les mots seulement sont des traits assassins.
Je crois qu’il ne faut pas, y perdre son chemin
Dans l’ivresse violente de tromper le risible.

Je crois en la Douleur, souvenir du regret,
La marque faite sang de Caïn fratricide
Qui à la tombe ouverte ne sera pas défait.

Et je crois en l’Ivresse, libérant de nos chairs
L’illusion d’exister, la Douleur et Colère.
Je ne crois plus en rien, quand je reste lucide.

Hier

Un jour tu m’avais dit qu’hier ne valait rien,
Que l’orage à venir passerait sans colère.
Qu’éternellement amis, nous les laisserons faire
Et qu’un soleil moqueur sèchera nos chagrins.

Tu m’avais promis à différents lendemains
Que tu l’aimes, que je sois loin, ou toi ailleurs,
Que d’autres bras m’enlacent, qu’une autre dans mon cœur
Prétende à te chasser. Tu ne seras pas loin.

On portait la lumière, un peu noir, un peu blanc,
Nos couleurs, quelques fois, tiraient aussi au sang.
Mais c’était la passion qu’on ne savait cacher.

Tu étais un Archange, moi j’étais Lucifer;
J’étais l’obscurité, dans ces yeux qui m’éclairent.
Je te fais peur? Mais c’est toi qui m’a oublié…