Le sort en est jeté

Pièce lancée en l’air, un peu sans le savoir,
Il n’a fallu qu’un mot, pour lui donner sa place.
Le voici, le hasard, triomphant de l’espace
Et marquant de son pas, les restes de l’espoir.

Fallait-il que nous fussions fatigués, ce soir,
A jouer d’un lancer, d’un battement de cil,
Ce coup, qui suspendu, se déroule tranquille,
Et occupe nos nuits, chassant les cauchemars.

Mais vous avez oublié la beauté du pari
C’est le risque, le doute, qui sauve de l’ennui
Révélant à nous même nos masques qui s’effacent

La pièce est retombée, au lever du soleil,
Un soleil blanc, éteint, qui d’un coup se réveille.
La pièce est retombée, nous révélant sa face.

Eau Tarie

Du poisson, du poisson, il ne te faut que ça
Pour un peu, combler ta faim suffit à ta joie
Tu t’ébats dans l’eau, enfant de l’Océan
De Neptune ton roi au plus grand des titans

Animal plus ancien que l’Homme sur la mer
Tu l’observes pourtant s’agrandir sur la Terre
Et si tu ne chasses plus en fugaces bancs
Tu peux manger toujours les restes des géants.

Plus de faim aujourd’hui, il te suffit d’un « onk »
Pour que ces étrangers te jettent une conque
Tant de bruit que tu ne comprends pas, et pourtant…

Tu n’es plus seul aujourd’hui, entouré d’amis
Tu danses et te tortilles, tu n’as plus d’ennemis
Mais un bassin de trente mètres sur cent.

Dans la nuit

Une fois n’est pas coutume, les yeux grands ouverts,
J’observe mon plafond où mes pensées s’envolent.
Je ne peux m’endormir, alors, tout seul, j’espère
Que le sommeil viendra me cueillir en plein vol.

Je peuple l’obscurité de Zéphyrs perdues
Réécrivant les mots que j’aurais voulu dire
Condamnant Cendrillon à garder son pied nu
Ou raillant de la belle, son inconstant désir.

Je m’imagine un monde, où ayant pu tout dire
N’existe ni remords, ni honte, ni Zahir.
Et d’un alexandrin, balayer le réel.

Mais je sais qu’au réveil, tout restera pareil
Le ciel restera bleu et le bordeaux vermeil.
Je me prends à rêver d’un monde surréel.

L’Écrit’Vin

Laiss’ moi tremper ma plume dans un nectar divin,
Que je trace des lettres de noblesse ou d’aveu
Chaque mot comme flèche se perd dans le sylvain
Chaque vers s’est levé prétendant être heureux.

Pourtant l’alexandrin aux couleurs du raisin,
Pâlit vite déjà, serait il trop moelleux ?
Je n’ose le croire, car si jamais convainc,
Mon vers-biage est souvent loin d’être ennuyeux.

Le ton manque de corps, le poème sonne creux
Il recèle un secret réservé aux curieux
Mais il reste un sonnet désespérément vain.

Alors pour le finir – cesse de lever les yeux,
Tu sais bien que je ne suis jamais très sérieux ! –
Je me permet de baptiser cet écrit vin.

Destruction

C’est un peu le début quand on n’ose se dire
Qu’en fait, on s’aime bien, qu’on veut tenter le coup
C’est ce moment d’arrêt, se dire: « on en est où? »
Sans avoir la réponse, avoir peur de partir.

C’est cette envie urgente, de serrer dans ses bras
D’étreindre l’autre, caresser son visage
Lui dire qu’on a tort, que ce n’est qu’un passage
Que l’on voulait s’aimer, pour toujours, être là.

Le calme de l’orage, quand la nuit est venue,
Je veux fermer les yeux, la fatigue me tue,
Pour oublier demain, hier et aujourd’hui.

Apprendre à vivre seul, être à nouveau soi-même
Dans l’écho du silence, se découvrir en vie
Apprendre à vivre seul, se dire que l’on s’aime.

(La promesse 4/4)



Allégresse

C’est un chant au matin, de complices paroles
Quand l’oiseau en mon sein vibre de tes murmures
Nul doute, nulle crainte, puisque nos voix s’assurent
Et font à l’unisson, vibrer la clef de sol

E tempo allegro, dans une danse folle
Nous suivons les notes, et nos tons se rassurent
Tu joues en trémolos pour masquer mes fêlures
J’écris des chansons pour toi, pour remplir mon rôle…

Les orages ont passés, c’est fini les violons,
Le piano à quatre mains suit la partition
Les yeux fermés, nous jouons le même morceau.

E Tempo Adagio, est-ce là le bonheur?
Sans tambours ni grosses caisses, sans les voix du cœur,
Juste un chant au matin, se réveiller ensemble.

(La promesse 3/4)

Tempête

Pour que nos illusions, un instant, se préservent
Laisse moi fermer les yeux et tendre mes lèvres
Au rouge sur tes joues, je sens naitre la fièvre
Qui m’étreint tout autant qu’on la vit de conserve.

Alors tendant ma main, tremblante d’émotion,
Je glisse sur ton cou, bousculant tes cheveux
Tu m’observes, troublée, sentant naitre un frisson
D’un baiser, malgré moi, déposé en ce creux.

Doucement, tu arrêtes mes doigts malhabiles
D’un sourire timide, je me sens imbécile
Quand te penchant vers moi tu me rendis la vie.

Nos souffles accordés, nos cœurs à l’unisson,
J’ai oublié, longtemps, ce qu’était la passion
Instants d’éternité volés à d’autres nuits.

(La promesse 1/4)

« C’était pas le plan »

Quand les mots, malgré nous, ont glissé de nos lèvres
Que la Nature a fait de nos rêves, un poème
Était-il bien trop tard pour se dire je t’aime
Emportés par l’instant, emportés par la fièvre

Le titre était écrit, et jusqu’au point final
Il suffisait de lire les lignes qui passaient
Je n’ai jamais su être sage, tu le savais,
Et tu m’encourageais, jusqu’à ce point fatal

Ton plan était splendide, il n’avait qu’un défaut
D’oublier le réel, le frisson sur ta peau,
Car si je jouais ma chère, tu jouais avec moi.

Comment ne pas te dire, que je savais déjà,
Ton histoire était belle, j’applaudis des deux mains
Adieu enfin, adieu mon amie… à demain!

Ballade des dames d’aujourd’hui

Dans tes cheveux, une main passe
Effleurant des doigts, ton visage.
Sur ta gorge, elle se délasse
Terminant de paraitre sage.
Rapide! Défaisant ton corsage,
Un instant se fait de caresses
Créant sous son tendre passage
Tempête, frissons, allégresse.

Inspiré par ces jeux de passe
On peut le voir sur son sillage
Naitre des passions, qui s’effacent
Que ta chair n’en refuse l’hommage
Ou que ne cambre ton corps sage
S’abandonnant à la tendresse
Tandis que cette main voyage
Tempête, frissons, allégresse.

Tes mains, sur lui, suivent ses traces
Rendant un peu de ce message
Tandis que l’une est sur sa face
L’autre veut offrir en partage
Ce désir qui l’emplit de rage.
D’un geste délicat, elle dresse
Des doigts, un autre paysage
Tempête, frissons, allégresse.

Princesse, sachez aux rimes as-
-sagies hésiter d’être sage.
Je ne vous dois qu’une promesse:
Tempête, frissons, allégresse.

Les monstres

Approche mon enfant et sache qu’ils t’attendent
Nocturnes animaux échappés de tes rêves
Guettants au coin du jour, où rien ne les révèle.
Entends venir les monstres dépeçant ta chair tendre.

Oublieux de leur masque, on les veut d’innocence
Un visage qu’on croirait couronné de lumière
Dans leur cœur, un brasier fait office d’enfer
Et l’amour n’est rien que du feu son essence.

Mon enfant n’ai pas peur, ils seront toujours là
Ose braver leur regard, ils ont plus peur que toi!
Ne leur donne pas plus que silence et mépris.

N’oublie pas que les monstres sont parfois nos amis
Et que dans leur yeux clairs, nos reflets se répondent
Sans Amour, rappelons aux heures, les secondes.