Chaos

Sombre et déjà acide, ton sourire m’effraie,
Me rappelant sans cesse, ce que je sais de toi.
Des enfers tu reviens et tes mots sont parfaits,
Pour porter Sa parole et transmettre Ses lois.

Cruel, désabusé, ton sourire est défait,
Tu te vois en reflet promettre sur ta Foi.
Alors que de parjure, tes maux sont déjà faits,
Tu redores un blason, de Marquis et de Roi.

Si tu craches ce sang que tu voulais écrire,
Tes vers se sont noyés et tu peines à relire
Les serments pris hier et sermons de demain.

Tes pas entre les miens, ta voix qui me sussure
Que tu es fou, damné, que tu es mon destin.
Tes pas entre les miens, ta voix qui me murmure…

Impression de nuit

Sous la terre endormie, effrayé du soleil,
Je repose allongé mais les yeux grands ouverts.
J’ai fui cette chaleur qui emprisonnait l’air,
Et profite à présent d’un délicat sommeil.

Pourtant, l’obscurité se peuple de merveilles,
Ne laissant mon esprit à sa tâche première,
Il voyage dès lors redoutant la lumière
Cherchant en mille lieux, la douleur du réveil.

Puis un jour, la lueur vint troubler mon repos,
Faible de prime abord, noyée dans les échos
Elle fut comme un rêve au coin de ma mémoire.

Comme un soleil blanc, elle chassa de mes yeux
Les doutes et les terreurs, les anciens cauchemars,
Ce petit feu follet, cette flamme, ce Feu.

Poussière écarlate

Je veux me souvenir du bonheur disparu
Des joies et du passé, du futur sans peine
Ne pas garder de toi, le crachat et la haine
Me rappeler plutôt les rires qu’on a eu

Je veux me souvenir que nous fûmes heureux
Un jour, on s’est promis, que nous le resterions
J’y croyais moi aussi jurant avec passion
De n’avoir que la joie tant que nous serons deux

Je ne veux pas oublier les combats perdus
M’être battu pour toi, pour nous, un pas de plus,
Avoir fait de mon mieux, ça ne suffira pas.

Tes yeux, tes grands yeux bleus, empli par la colère
Je n’oublierais jamais, tes mots pareils au fer
Et mon sang qui brûla, et ma chair qui tomba.

Frisson

C’est un secret surpris au creux de ton oreille
La brise qu’imagine ton cœur qui s’assagit
Bousculant ta pudeur, un frisson en jaillit
Illuminant tes joues de chaleur vermeille.

Accompagnant ma voix, mes mains sont musiciennes
Jouant la partition que ton souffle me chante
Se rêvant arabesque, notre danse s’enchante
Quand tu cueilles un baiser, tes lèvres sur les miennes.

Mon Léthé bienveillant, dans tes bras, j’oublie Dieu
J’oublie tout, sauf ta peau, j’oublie tout, sauf tes yeux
Ta chair contre moi, la chaleur de ton sein, toi.

Te glissant doucement, tu joues de ma raison
Quand je demande grâce, tu n’arrêteras pas
Et pleurant, brisé, je ne serais qu’un frisson.

(La promesse 2/4)

Babel

S’écroulant doucement, une tour de Babel,
Elle n’est rien d’autre que l’illusion punie.
Ne vois pas un hommage, où je n’ai que l’ennui
Ou un amour déçu quand s’en vient le réel.

J’ai aimé l’éphémère, le feu qui venait d’elle,
Quand l’ombre s’est jetée et la chaleur enfuie,
Ce n’était plus ses yeux qui me gardaient en vie
Mais la douce tiédeur de quelques étincelles.

Une nouvelle tour se dressera demain
Dessinée de mes rêves, écrite de ma main
Elle brillera rouge de tous mes incendies.

Et montant au sommet, je sourirai un peu,
Car ce n’est plus qu’ainsi que je sais être heureux
Le bonheur ne peut naitre que quand tout est fini.

Eurydice

Quand tu fermes les yeux, tu entends sa voix basse
Murmurant dans ton cou des promesses à tenir,
Tu veux, du bout des bras, chercher à retenir
Cet éclat de mémoire qui devant toi s’efface

Et tu fermes les yeux, cherchant à le revoir
Retrouver son odeur ou le son de son cœur
Prison de souvenir, éloignée de tes peurs,
Tu ne regardes plus la vie drappée de noir.

Dans ton obscurité, tu as trouvé la voie
Ce chemin de lumière le ramenant à toi
Alors tu l’as suivi sans même te retourner.

Tu es cette inconnue, découverte au matin
Paraissant assoupie sur les quais Augustin
Heureuse sans doute, de l’avoir retrouvé.

Imagine

Imagine, les yeux clos, un souffle dans ton cou,
Murmurant à ta chair, de galantes caresses.
A ton épaule, un baiser qui ose d’ivresse
Glisser par petits pas, jusqu’au creux de ta joue.

Inspire doucement, où une main se glisse
Navigant au toucher, sur la chair de ton dos
Et tandis que des frissons se dressent sur ta peau
Tu cherches à capturer ces lèvres de délices.

Ma bouche se défausse, sur ta gorge dessine
Un chemin de promesses, de douceur mutine
Tu accueilles à tes lèvres, l’hommage du désir.

M’emprisonnant alors et cabrant de ton corps
Me laissant à tes pied, continuer; encor
Jusqu’au souffle coupée, de la petite mort!

Des nuits d’été

Je me souviens d’hier, je me souviens de toi,
De tes yeux dans les miens, et nos corps qui s’enlacent
Je me souviens des mots scandant de notre foi
De ton sourire enfin, d’instants toujours fugaces.

Je me souviens encore de t’avoir tant aimé
Ayant fait de mes nuits un autel à ta gloire
Quand brûlant d’émotion, mon corps s’était brisé
Tu as su l’animer en restant pour un soir.

Bien sûr, je n’y crois plus, ce ne sont que des songes
Et l’Amour, un beau jour, est ce mot qu’on prolonge
Pour ne pas s’avouer que ce n’est qu’un cadavre

Je me souviens d’hier, de tes ongles dessinant
Sur mon dos, ta passion, en lettrines de sang.
Je me souviens de tes mots, de tes lèvres, mon havre…

Les monstres

Approche mon enfant et sache qu’ils t’attendent
Nocturnes animaux échappés de tes rêves
Guettants au coin du jour, où rien ne les révèle.
Entends venir les monstres dépeçant ta chair tendre.

Oublieux de leur masque, on les veut d’innocence
Un visage qu’on croirait couronné de lumière
Dans leur cœur, un brasier fait office d’enfer
Et l’amour n’est rien que du feu son essence.

Mon enfant n’ai pas peur, ils seront toujours là
Ose braver leur regard, ils ont plus peur que toi!
Ne leur donne pas plus que silence et mépris.

N’oublie pas que les monstres sont parfois nos amis
Et que dans leur yeux clairs, nos reflets se répondent
Sans Amour, rappelons aux heures, les secondes.

Jardin Secret

C’est un petit jardin où se côtoient nos rêves
Où l’arbre laisse pendre, frémissant sous la brise,
Un présent délicat, un fruit gorgé de sève,
Pour nos lèvres sèches que ce sang électrise.

Au sol un bouquet jaune, chrysanthème, hélichryse,
Belles fleurs qui se meurent quand les autres s’élèvent
Les voilà qui décorent le tombeau des cerises
En un dernier sursaut, les voilà éternelles!

Vous pourriez à la chair croquer la demoiselle
Délaissant le parterre de ces seules immortelles
Oubliant, pour un jour, que ce jardin n’est pas.

Alors vous retournant, en un dernier sourire,
Marchant sans hésiter vers la nuit à venir,
Riante, vous croquez une pomme de vingt ans.